Je vis seul depuis que ma femme a disparu il y a quelques années. J’adore ma maison car elle est près d’une grande forêt – idéal pour aller aux champignons – et surtout c’est là que j’ai tous mes souvenirs avec ma femme et mes enfants. Heureusement, ce qui me sauve, c’est que je conduis encore, ce qui me permet de rester autonome. J’ai toujours adoré conduire et j’ai toujours été passionné de voiture. Oui, mais ça c’était avant.
Un jour, je partais comme d’habitude faire mes courses en voiture au village d’à côté qui est à 10 km et en haut d’une grande côte.
Je connais par coeur chaque tournant, chaque carrefour de ma commune. Mais ce jour là, au carrefour avant le village, je n’avais pas vu la mobylette qui a déboulé sur ma droite. J’ai pris peur et j’ai donné un grand coup de volant pour l’éviter…. et j’ai atterri dans le champs de mon copain Marcel.
Je ne me souviens plus très bien de la suite mais je sais que je me suis retrouvé à l’hôpital avec mes enfants à mon chevet. J’avais eu de la chance, je m’en suis sorti avec juste une fracture du bras et quelques égratignures. Mais mes enfants ont eu très peur et m’ont tout de suite dit que la conduite, c’était terminé. J’avais eu effectivement quelques accrochages auparavant mais là c’était la fois de trop.
Je me suis dit que ma vie était fichue, que si je ne pouvais plus conduire, qu’allais-je devenir ? Ne plus pouvoir aller faire mes courses, aller voir les copains, me balader. Vivre quoi ! Et en même temps, je me suis fait vraiment très peur avec cet accident. Alors je me suis raisonné en me disant que la voiture, c’était bien terminé pour moi !
Le médecin qui s’est occupé de moi à l’hôpital me voyant désemparé, m’a suggéré d’aller vivre près de chez mes enfants dans un endroit où tout est accessible à pied. Facile à dire, ils habitaient la ville et ne pouvaient pas m’héberger. Il m’a alors parlé d’une de ses patients qu est allé vivre en résidence senior. “La maison de retraite, très peu pour moi” lui ais-je dit !
C’est alors qu’il m’a raconté que la résidence service n’étais pas une maison de retraite. On pouvait vivre de manière tout à fait autonome, au milieu d’un quartier commerçant, se faire de nouveau amis grâce aux déjeuners servis dans la salle à manger mais aussi aux jeux et au club de lecture de l’après-midi.
Je ne connaissais pas ce mode de vie et j’ai eu envie d’aller voir. La résidence indiquée par le médecin se situait tout près de chez ma fille. Certes, c’était la ville. Il me manquait ma forêt et mes jolies collines mais j’étais rassuré de savoir mes enfants proches.
Ce qui m’a fait passer le pas pour cette nouvelle vie ? C’est que la directrice de la résidence, apprenant que j’étais un passionné de voiture, m’a présenté à un ancien champion de rallye qui avait lui aussi dû raccrocher le volant pour aller vivre en résidence.
Depuis, nous sommes devenus amis et maintenant, c’est à la télévision que nous regardons les courses de voiture !
Henri, 88 ans

Pascal, 35 ans
Le jour où avec ma grand-mère, nous avons connu un grand dépaysement