Leur vie idéale se trouvait au bout de la rue

Je suis infirmière en libéral. Depuis maintenant 5 ans, je m’occupe de Liliane et Hervé, un couple de personnes âgées. Nous avons tissé des liens très forts ensemble. Ils vivent au coeur d’une jolie ville de banlieue, dans un quartier animé.

Malgré cela, au fil des années, je les ai vu s’isoler. Ne plus prendre de nouvelles de leurs enfants et petits-enfants, ne plus aller au cinéma ou s’adonner à des occupations. On peut vraiment être très seul même quand on vit à deux et en plein coeur d’une ville.

Je travaille aussi à quelques rues de chez eux dans une résidence services où j’ai quelques patients que je vais voir tous les jours. C’est un endroit confortable, lumineux, gai, pratique. Quand on passe devant depuis la rue, on ne s’imagine pas qu’elle possède un joli jardin, comme un petit paradis. A voir les résidents si heureux ensemble, je pensais à Liliane et Hervé, seuls chez eux. Me voyant préoccupée par cette histoire, la directrice de la résidence m’a proposé de les inviter à la conférence qui était organisée la semaine suivante, quelques jours avant les fêtes de fin d’année.

Un peu intimidés par ma proposition, Liliane et Hervé ont fini par accepter de venir assister à la conférence dans la résidence, à condition que je sois là. J’ai vu leurs yeux s’ouvrir en grand quand ils ont franchi la porte de la résidence. Ils ont été très gentiment accueillis par tous les résidents.

Quand est arrivée la soirée du nouvel an, Liliane et Hervé avaient prévu de rester chez eux. Les résidents leur ont proposé de passer voir comment on fêtait dignement la nouvelle année chez eux. Ils se sont mis sur leur 31, comme des adolescents pour leur premier bal. J’ai vu Hervé avoir des étoiles dans les yeux en voyant sa femme toute belle. Ils ont passé leur soirée à danser et à parler avec les autres résidents.

Quelques jours après, en passant les voir, Hervé m’a montré une photo de leur mariage. J’ai vu que ces deux moments passés dans la résidence avaient eu un effet très positif chez eux.

Sans m’en parler, ils s’étaient renseignés sur l’appartement qui venait de se libérer. Ils avaient pris leur décision : aller au bout de la rue pour changer de vie !

Chloé, 41 ans