Je suis serveuse dans une résidence senior. Ce que j’aime dans mon métier, c’est qu’il me permet de faire plaisir à des personnes âgées qui apprécient les bonnes choses. Pour les résidents, le déjeuner est en effet un moment important de la journée. Ils se retrouvent après avoir été faire le matin leurs courses et s’occuper de leur appartement. Quand la bonne odeur commence à sortir de la cuisine, on les voit tous arriver et bavarder entre eux ou avec nous, c’est très joyeux !
Je connais les habitudes de chacun, je sais qui doit être assis à côté de qui, qui aime quoi et le rituel de chacun. Le chef aussi sait comment leur faire plaisir et leur faire apprécier les bonnes choses.”
L’autre jour, il faisait un temps magnifique. Ce n’était pas encore la saison pour déjeuner sur la terrasse de la résidence mais on pouvait voir de jolis rayons de soleil depuis la grande baie vitrée de la salle à manger. Tout le monde est arrivé au déjeuner réjouit. Tout le monde sauf Armelle et Jean. Ils faisaient une drôle de tête.
Ils se sont installés comme d’habitude à leur table et je sentais que ça n’allait pas. Alors je me suis dit que j’allais bien m’occuper d’eux pour leur remonter le moral. Au début, ils ne se parlaient pas beaucoup mais à un moment, j’ai entendu des bribes de conversation : “Comment va t-on faire ?”. “Nos vacances en famille sont définitivement fichues”.
Au moment du café, je leur ai apporté des petits chocolat. J’ai alors engagé la conversation “Alors, et ces vacances chez votre fils à Cassis, c’est pour bientôt ?”. J’ai vu tout de suite leur mine déconfite. “. “Notre fils ne peut pas venir nous chercher demain à la résidence. Il a un gros pépin avec sa voiture qui doit rester au garage. Nous ne pouvons pas nous déplacer en train, les marches sont trop hautes pour nous.” me raconte Jean.
C’est alors que je me suis souvenue qu’Isabelle, une autre résidente, m’a parlé de son départ le lendemain pour la Ciotat. Son fils venait la chercher. Tout le monde le connaît dans la résidence car il a une très belle voiture bien confortable et tout le monde rêve de monter dedans.
La Ciotat et Cassis, mais ce n’est pas loin ! Ni une ni deux, j’ai été voir Isabelle pour lui demander si elle partait bien à la Ciotat. “Oh que oui, et je suis bien contente de retrouver mes arrières petits-enfants !” me répond-elle avec un grand sourire. “Auriez-vous deux places dans la voiture de votre fils ? Vous sauveriez les vacances d’Armelle et Jean ! “
Et c’est comme ça que la solidarité entre résidents – que j’apprécie tant – a fonctionné. Armelle et Jean ont pu partir en vacances retrouver leur famille et Isabelle a bien commencé ses vacances en faisant le bonheur de deux amis résidents. Quant à moi, j’ai eu le droit à un pot de tapenade au retour des vacanciers qui nous ont montré fièrement leur bonne mine !
Amélie, 29 ans