Je n’ai pas perdu ma bonne humeur durant le confinement

Ce confinement, quel cauchemar ! Je ne sais pas comment ça va se passer ces prochaines semaines mais je vais enfin peut-être pouvoir retrouver mes amis de la résidence où je vis depuis 3 ans.

Ces amis qui m’ont été tellement précieux pendant ce confinement. On ne pouvait pas se voir pendant toute cette période, à part à notre balcon ou au moment des applaudissements de 20 heures. Mais alors, qu’est-ce que nous nous sommes appelés ! Chaque jour, nous avions notre petit rendez-vous. Et qu’est-ce que nous avons ri !

En effet, lors de nos appels, nous nous sommes mis comme consigne de ne pas parler des mauvaises nouvelles que la télévision nous apportait. Et au contraire, nous devions arriver avec une bonne nouvelle lue dans la presse ou les lettres que la résidence nous livrait chaque jour. Et avec une blague différente chaque jour.

Je vous parle de mon confinement comme d’une grande plaisanterie mais je dois avouer qu’au début ce n’était pas drôle du tout. Être tout seul toute la journée, à part lors de la livraison des repas et du courrier, loin de sa famille et de ses habitudes, j’ai eu quelques moments de solitude pendant quelques jours.

Mais c’était sans compter sur mes copains. Ceux que je retrouve tous les jours à 16 heures au salon en temps normal. Ils ne se sont pas laissé embarquer dans la déprime. Quelques jours après le début du confinement, j’ai reçu dans mon courrier une lettre anonyme me disant : A 16 heures, le téléphone sonnera, personne ne parlera, il faudra donner le mot de passe suivant « les carottes sont cuites, je répète les carottes sont cuites ».

J’ai reconnu tout de suite la patte de mes amis. A 16 heures pétantes, le téléphone a sonné. J’ai répondu « Les navets sont cuits, je répète les navets sont cuits » et là c’était parti : nous avons tellement ri ! Et cette bonne humeur ne nous a pas quitté pendant toutes ces semaines.

Cette vie à la résidence, quel bonheur. Pouvoir encore rire à mon âge, jamais je ne l’aurais imaginé !

Pierre-Henri, 90 ans